Hors Compétition
En Quarantaine 2 de John Pogue
Suite du remake de [REC], mais pas remake de [REC 2]. Si vous avez trouvez que la séquelle espagnole trahissait le film original, cette séquelle étasunienne devrait vous faire relativiser.
Juste une histoire d’infectés de plus, sans une once d’originalité, les auteurs n’ayant même pas eu le courage de rependre ce qui faisait toute la force du concept (la caméra « subjective », ici réduite à une demi-douzaine de plans apparaissant inutilement en fin de métrage), ni même celui d’étendre sur plus de vingt minutes un postulat de départ intéressant (des infectés dans un avion? Yeah!) pour en revenir à un zombie-flick en huis-clos hyper-classique, balisé, jamais original ou effrayant, et s’enfonçant même dans un ridicule achevé au détour d’une attaque d’infectés (ceux-ci aimant se déplacer à quatres pattes en accéléré) ou d’autre chose (celle du rat qui se laisse tomber pour mordre un parkinsonien!).
On ajoute à ça une révélation dans le troisième acte qui, si elle permet de faire le lien avec le film précédent, n’en demeure pas moins au même niveau de médiocrité que le reste du film, et un plan final se voulant lourd de sens et plein de promesse pour un éventuel troisième opus, et le gentil navet des familles à peine propre à sortir en DTV n’est plus très loin. Sur le même postulat de départ, on est en droit de préférer L’Avion de l’Apocalypse d’Umberto Lenzi…
Rare Exports: Un Conte de Noël de Jalmari Helander
Tout l’intérêt du film tient dans son concept: Le Père Noël existe, ou du moins il a existé, à la seule différence qu’il était plus proche de l’ogre, du monstre dévoreur d’enfant, que du barbu jovial sponsorisé par Coca-Cola. Une idée simple, qui aurait fait un excellent court-métrage, mais que Helander développe intelligemment, sans pour autant s’en éloigner radicalement, en prenant le temps de construire ses personnages ( et notamment une relation père-fils touchante de sincérité) ainsi qu’une vraie intrigue autour de ce « Bad Santa » originel. En filigramme, ainsi, on peut trouver une critique de la façon dont les pays du grand nord sont pris entre le marteau et l’enclume, entre les deux superpuissances USA et Russie, et la méfiance, l’esprit frondeur qui en résulte.
Une construction tranquille donc, qui permet de pleinement profiter de la jolie maitrise technique du réalisateur, mais qui, malgré la courte durée du film, lui donne une certaine lenteur dans sa première partie, d’autant que le postulat de départ est vite exposé. Une lenteur que l’on oublie bien vite en regard d’un dernier tiers absolument épique, où le rythme et l’action décollent, où les idées s’enchainent, où toute la folie jusque là sous-jacente dans le sujet explose à l’écran.
20 minutes de film purement jouissives qui, dans leur relecture d’une mythologie populaire à l’aune de l’imaginaire enfantin et du divertissement familial à grand spectacle, auront de quoi réjouir tous les nostalgiques des Goonies, de Monster Squad et autres Young Sherlock Holmes, et ce sans même une once de ce cynisme tellement tendance actuellement, et dont on aurait hâtivement pu taxé ce film . Il n’en est rien, c’en est d’autant plus rafraichissant, et ça fait vraiment plaisir.
Prowl de Patrik Syversen
Mais qu’est-il arrivé au réalisateur du dispensable mais sympathique Manhunt, présenté ici-même il y a deux ans? Cette histoire d’une bande d’adolescents (une galerie de clichés à peine digne d’une parodie neuneu de Friedberg & Co) qui se retrouvent kidnappés par un routier pour être transformés en casses-croutes destinés à une meute de goules/vampires/machin-chose, ressemble méchamment au pilote rallongé à la va-vite d’une mauvaise série TV pour chaine de câble.
En résulte une première partie outragement longue et inutile, s’attardant sur le (plat) questionnement intime de son héroïne, et une deuxième qui, entrecoupant les attaques de ses créatures par des dialogues indigents (Le scénariste semble avoir pris le pari de conclure toutes ses scènes de dialogue par un « ça ira, ne t’en fais pas »… quand il prend seulement la peine de les construire…) frôle la nanardise avec une complaisance qui fait peur. Des personnages caricaturaux au comportement débile mis dans des situations ridicules, donc, et pour couronner le tout, un twist final grotesque et une non-fin absolu. Si en plus, au détour d’un des rare plan lisible (principale constante entre ce film et Manhunt: l’abus de shaky-cam), on a largement le temps de voir au sol l’ombre du caméraman, on commencerait presque à se demander si Syversen ne l’a pas un peu fait exprès, dégoutté de son exil américain et désireux de rentrer au plus vite en Norvège…
Cold Prey 3 de Mikkel Braenne Sandermose
Troisième opus en forme de préquelle revenant sur les origines du boogeyman norvégien. Les deux précédents films avaient déjà pas mal développé ce background, ce qui fait qu’ici, après une poignée de séquences où on retrouve notre tueur enfant, le film se permet un bond de douze ans, et on se retrouve ainsi à la fin des années 80. Une contextualisation parfaitement inutile (hormis quelques clin d’oeils rigolards) et qui sert surtout de prétexte à changer radicalement le personnage. fini la haute montagne, le look trappeur et le piolet, place à la forêt, à une garde-robe largement piqué au Mike Myers version Rob Zombie, et à une grande varièté d’armes (de la barre à mine et à l’arc et les flèches).
Plus génant, là où les deux premiers films gagnait en sympathie à revenir aux slashers classiques avec une vraie honnêteté et un vrai respect du genre, ce Cold Prey 3 nous la joue survival lambda, avec ces adolescents -toujours aussi couillons- qui courent dans les bois, tombent dans des pièges, sursautent au moindre craquement de branches, et, malgré qu’ils soient très vite séparés, et qu’on nous assène que la forêt est immense, ils parviennent toujours à se retrouver, et à converger vers une unique cabane, dans laquelle, évidemment, se trouvent le tueur ainsi que son « mentor » (peut-être une des seule idée intéressante du film).
Bref, à trop voir renouveller la franchise, ce film s’en éloigne un peu trop, et malgré ses efforts pour recoller les morceaux et s’intégrer à la saga, peine à convaincre. Reste que c’est joliment filmé, rythmé, et que quelques mise à morts sont bien sympathique, mais rien de bien transcendant.
à suivre: la suite des Hors-compét, les courts-métrages, et quelques autres trucs…